Moyen Âge
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Voici le dénouement du roman, de l’invasion du royaume de Logres par le roi Marc au retour solitaire de Bohort à Camaalot, après la fin de la Quête du Graal, en passant par la mort de Tristan et Iseut, de Palamède, de Galaad et de Perceval. Les fils noués entre la Quête du Graal et les aventures de Tristan se dénouent sur la double mort de Tristan et de Galaad. La rivalité des héros, l’affrontement de deux systèmes de valeur inconciliables, mis en valeur par le jeu de l’entrelacement, sont encore prééminents. La fin du roman semble dominée par la figure de Galaad, en chevalier terrien (quand il défait à lui seul l’armée de Marc) ou celestiel, qui multiplie les miracles. Mais la mort des amants compte parmi les plus belles pages du roman, cette mort sans Dieu, qui oppose à l’idéal du Graal une autre transcendance: celle de l’amour.
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Ce roman anonyme de la fin du XIVe ou du début du XVe siècle, très populaire à son époque, si l’on en croit les nombreux manuscrits et éditions recensés, est une mise en prose du roman anglo-normand de Horn, d’un certain Thomas. Il retrace les amours contrariées de Ponthus, fils du roi de Galice, et de Sidoine, fille du roi de Bretagne. Les différents épisodes d’une action mouvementée s’enchaînent dans un récit alerte, constamment émaillé de passages au style direct, et mettent en scène des personnages nombreux, la majorité sans relief particulier, mais dont la plupart sont originaires de l’ouest de la France. Ponthus et Sidoine s’inscrit dans la tradition des romans de chevalerie, mais son souci d’exemplarité, le constant rappel des devoirs du roi, soutenu par un court chapitre d’«enseignements», le rattachent aux nombreux «miroirs du prince» d’alors. L’idéal moral et politique qui s’en dégage n’a rien d’original mais traduit bien l’aspiration à la paix d’une époque troublée par la guerre.
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Les Enfances Vivien sont une chanson de cycle de Guillaume d’Orange, qui se situe, dans le cycle, après la Prise d’Orange et précède la Chevalerie Vivien. Garin, le père de Vivien – âgé de sept ans – est emprisonné à Luiserne en Espagne par le païen Marados qui lui demande comme rançon son fils Vivien. Garin accepte les conditions du païen et Vivien lui est livré. Au moment où les païens s’apprêtent à torturer Vivien, une armée entre dans la ville et la brûle. Les païens fuient, Vivien est libéré et vendu à Mabile, femme du marchand Godefroi. Mabile propose à Vivien de faire croire à Godefroi, absent depuis sept ans, qu’il est leur fils. Godefroi revient de la foire enrichi et heureux d’avoir un héritier, il tente dinitier Vivien au négoce. Vivien fait un piètre marchand. Il ne sait pas compter et se fait berner dans l’exercice de la vente et de l’achat. Il ne rêve que de combattre les Sarrasins, et lève une armée de marchands. Au terme de nombreuses bailles, Vivien et les marchands – aidés par l’armée du roi Louis et par Guillaume – parviennent à conquérir Luiserne.
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Etude globale du système des pronoms personnels non réfléchis – la concurrence de se / soy, élucidée par G. Brandt, n’ayant pas à être reprise – à une époque où il se modifie profondément, où chaque dialecte lui imprime encore sa marque et où fleurissent les tentatives, plus ou moins viables, d’allégement, d’enrichissement ou de redistribution. Rendre compte de cette complexité en marche, sans céder au finalisme historique qui présenterait l’évolution comme devant immanquablement conduire à l’état actuel, sans s’égarer dans la luxuriance des faits, sans dérouter non plus le lecteur par une phraséologie ésotérique, tel a été le souci de l’auteur dans cet ouvrage qui se veut de large audience.
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Ce recueil de cent nouvelles est un document littéraire d’un incontestable intérêt sur les mœurs des grands du monde et du petit peuple, des prêtres et des laïcs, sur le goût des gauloiseries à la fin du moyen âge français, mêlant des événements réels, telle que la foire d’Anvers, à une fiction d’autant plus amusante qu’elle prend souvent appui sur des facéties du Pogge, en en traduisant et adaptant plusieurs. Le compilateur-remanieur du dernier quart du XVe siècle s’est également inspiré de fabliaux français pour atteindre le chiffre de cent, comme Boccace, le maître du genre.
Pour cette première édition réellement critique, Franklin P. Sweetser s’est appuyé sur le fameux manuscrit de Glasgow (Hunter 252 ; écrit entre 1480 et 1490) et sur l’édition parisienne d’Antoine Vérard de 1486. Cette édition reste un bon instrument de travail, mais également l’objet d’une lecture très amusante.